Vous venez avec la 3 d’organiser un nouveau débat sur les transports. Un micro trottoir révèle que la priorité c’est plus de TER, de tram, de métro, de bus et le journaliste fini par demander : « Et la LGV ? » Ah ! oui, la LGV…
Donc votre émission commence par la LGV suite à la décision du Conseil d’Etat qui a rejeté le recours des associations opposées. Parce qu’elles existent ces associations ? Vous ne semblez pas en avoir conscience, ce qui fait que sur le plateau, un bavardage consensuel a dû lasser beaucoup de téléspectateur.
Je retiens ce sénateur du Gers qui, comme un personnage de Molière répétant « ma cassette, ma cassette, ma cassette» répéta : « mes sillons, mes sillons, mes sillons ». J’en conviens, c’est une évidence, avec une nouvelle voie ferrée, on a plus de sillons, mais sont-ils nécessaires ? En tant que journaliste, vous pourrez la prochaine fois poser cette simple question : « Combien de trains circulent entre Toulouse et Bordeaux ?» Je n’ai jamais entendu cette question or le fret ne s’est pas effondré suite à une baisse du nombre de sillons ! Il s’est effondré faute d’investissements adaptés pour charger et décharger des containers d’un camion à un wagon.
La SNCF elle-même reconnaît que la ligne n’est pas saturée et alors on sort l’autre argument : mais comment faire circuler des trains avec des vitesses si différentes ? Le tronçon Montauban-Toulouse est le plus chargé et c’est justement celui où il n’est pas possible d’aller trop vite ! La SNCF sait gérer de telles situations depuis des décennies et peut le faire encore mieux en investissant dans les moyens modernes de signalisation.
L’autre argument avancé est repris du FN au PCF, et une telle unanimité ne peut que lui donner du poids : « LGV et trains du quotidiens c’est complémentaire». En tant que journaliste, vous pourrez la prochaine fois poser cette simple question : « Mais ça coûte combien cette LGV ? » Dans votre émission vous évoquez le coût de 95 millions pour un projet routier. Une miette quand on pense aux 10 milliards de la LGV ! D’ailleurs à parler de la décision du Conseil d’Etat vous auriez pu noter qu’elle indique que les prévisions seront largement dépassées ! Et le fait de couper en tranche la LGV n’enlève rien au total ! Vous avez invité des personnes qui d’une façon ou d’une autre ont été aux responsabilités mais quand elles parlent de la dette de la SNCF elles font comme si elle tombait du ciel ! Soyons clairs : quand depuis vingt ans on met l’investissement sur des LGVs qui ne servent qu’à un type de trains, l’infrastructure du quotidien en souffre énormément (pour le fret, le TER et l’intercité) et c’est un fait entendu à présent. Des hommes politiques qui disent toujours qu’on ne peut pas tout faire, disent que tout est possible pour la SNCF et c’est un boulet accroché aux pieds de l’entreprise pour la faire couler.
Quant aux 20 000 habitants annuels sur Toulouse, de quoi ont-ils besoin en priorité pour éviter les bouchons ? Et on retombe sur les observations de départ : tram, métro, TER, bus mais vous n’avez pas eu le temps d’en discuter. Comme nous vous l’avons déjà indiqué nous sommes toujours disponibles pour argumenter face à des promoteurs de la LGV qui la veulent mais sans la payer ! Jean-Paul Damaggio