Rousset persiste et signe. Il parle toujours de Bordeaux-Dax or le gouvernement, pour le financement ne parle pas de Bordeaux-Dax ! Il chiffre le total à 13 milliards. Il annonce une date buttoir reportée au 13 décembre. Une date qui sera certainement reportée. Bref, pour l'Aquitaine ça cahuffe dans les couloirs. Pour l'Occitanie c'ets le calme plat ? J-P Damaggio
Mercredi 13 octobre 2021 SUD OUEST LA RÉGION
La course contre la montre est lancée. Dans deux mois, le 13 décembre, Alain Rousset devra présenter aux élus régionaux le plan de financement des collectivités pour le GPSO, le Grand projet du Sud-Ouest, à savoir les lignes à grande vitesse Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Dax. Cela représente 40 % de la facture totale, évaluée à 13 milliards d’euros, sachant que l’Occitanie est, elle aussi, du voyage.
Pour la partie néo-aquitaine, l’enveloppe tourne autour de 2,2 milliards d’euros, ramenés à 1,6 si on déduit les recettes fiscales apportées par une taxe sur les bureaux implantés autour des gares desservies par le TGV. Ce lundi, en clôture de session plénière, Alain Rousset a évoqué « un moment historique» et son vice-président aux transports, Renaud Lagrave, a ajouté que « les élus ne travaillaient pas pour eux mais pour les générations futures. »
Plus d’État et d’Europe
Mais le président de l’agglomération d’Agen, le centriste Jean Dionis du Séjour, a cassé l’ambiance.
« Vous avez deux mois pour aboutir, lance-t-il au président Rousset. Et nous sommes très loin du compte. Les élus basques et le département des Pyrénées-Atlantiques sont réservés, les Landes également et le département n’a toujours pas payé les 40 millions d’euros qu’il doit pour la ligne Tours-Bordeaux. L’agglomération d’Agen est contre, les départements de Gironde et du Lot-et-Garonne aussi alors qu’ils sont dirigés par vos amis politiques. »
Bordeaux Métropole dit oui au projet mais le président Alain Anziani, allié avec les écologistes, devra négocier le soutien de son opposition de droite et du centre.
« Il faut que vous enfiliez les crampons, lance-t-il à Alain Rousset. Il faut élargir vers le nord le cercle des collectivités. Agen a payé 10 millions d’euros pour la ligne Tours-Bordeaux dont elle n’a pas profité directement.»
« Si on commence par dire on ne va pas y arriver, on n’arrivera pas, réplique sèchement le président. Il ne faut pas dire d’un côté je suis pour la LGV et de l’autre tout faire pour l’empêcher. Avec la ligne Bordeaux-Toulouse, Agen va toucher un jackpot fiscal. Pas la Région. »
Lepénistes et communistes ont très rarement l’occasion d’être sur la même ligne. Sur la grande vitesse, ils le sont. Pour Jacques Colombier (RN) comme pour Frédéric Mellier (PCF), c’est oui au GPSO mais, précisent-ils, c’est à l’État et à l’Europe de payer. « Que l’Europe ne participe qu’à hauteur de 20 %, c’est scandaleux ! » s’exclame le premier. « Ce sont l’État et l’Europe qui ont financé à 100 % les lignes vers Lyon ou Marseille, rappelle le second. L’État ne mettrait que 40 % et il faudrait en plus le remercier ! »
Le non résolu d’EELV
Pour Jacques Colombier, une partie du financement pourrait provenir d’une écotaxe sur les camions étrangers qui ne font que traverser le pays en ne laissant que leurs micro-particules.
« J’ai toujours dit que j’étais favorable à cette taxe », répond Alain Rousset pour qui « une deuxième ligne ferroviaire est la seule solution pour stopper le mur de poids lourds qui polluent l’axe allant de l’Espagne vers le nord ».
Le groupe LR apporte également son soutien au projet mais son porte-parole, Christophe Duprat, s’inquiète du peu de temps qui reste pour convaincre les collectivités de participer à la maxi-cagnotte.
« Il faut être optimiste. Et de toute façon, on n’a pas le choix. Sans deuxième ligne ferroviaire, pas de RER métropolitain», conclut-il.
La seule véritable opposition, c’était prévu, est venue du groupe écologiste qui, par sa porte-parole Christine Séguinau, échange avec Alain Rousset les accusations de « fake news ». « La fausse information, c’est de dire du bien de ce projet alors que, dès le départ, l’enquête d’utilité publique a été négative », attaque l’élue écologiste.
« Le GPSO ne réduira pas le nombre de camions sur la route, poursuit-elle, pas plus que la ligne Tours-Bordeaux ne l’a fait. Le projet n’a rien d’écologique, il va détruire des zones humides ou classées Natura 2000. Au lieu de construire une nouvelle ligne, on peut rénover l’actuelle qui n’est pas saturée. Cela coûtera trois fois moins cher. »
Les riverains
Des affirmations qui font évidemment sortir de ses gonds Alain Rousset. « Avec vous, ce sera un train toutes les deux minutes sur la même ligne. Il sera impossible de l’entretenir et est-ce que vous pensez aux riverains qui vivent près des lignes ferroviaires ? Les conséquences environnementales, j’y suis vigilant. Pour Tours-Bordeaux, les compensations écologiques ont été le triple de ce qui a été nécessaire pour la ligne. »
Mais, à deux mois de la prochaine session, ce n’est pas les élus EELV qu’Alain Rousset doit convaincre.
Benoît Lasserre