Cette fois Castex se fait plus sérieux : plus question de punir le conseil départemental du 47 en supprimant la gare d’Agen ! Pour le reste il maintient son calendrier. J-P Damaggio
La Dépêche
En visite dans le département voisin du Gers, le Premier ministre Jean Castex a évoqué le dossier de la LGV Toulouse - Bordeaux indiquant que «le chantier débutera en 2024». Une anticipation de cinq ans par rapport au programme initial. L’occasion pour Jean Castex de «tendre la main» à nouveau au conseil départemental du Lot-et-Garonne.
Venu dans son département natal pour inaugurer la fin des travaux du contournement de Gimont sur la RN 124, ce lundi 14 février, le Premier ministre Jean Castex n’a pas occulté le dossier de la future LGV Toulouse - Bordeaux. À plus forte raison pour ce projet ambitieux et nécessaire au désenclavement d’un département comme le Gers.
Et la gare d’Agen - pourtant distante de 80 km de Gimont - a été un des fils rouges de la déclaration du Premier ministre au travers du dossier de la future LGV Toulouse - Bordeaux. «Nous avons repris ce dossier. Nous l’avons relancé», explique Jean Castex devant les élus gersois. D’ailleurs, il en a fait une priorité pour le mettre sur les rails avant son départ de Matignon. Autant dire que l’échéance est courte pour ce projet de 14,3 milliards d’euros dont «10,3 pour la partie Bordeaux - Toulouse».
Un chantier de huit ans
Mais il en faut plus pour doucher la détermination du locataire de Matignon. Ce lundi après-midi, du côté de Gimont, Jean Castex a ainsi indiqué que le futur chantier de la LGV débuterait en 2024. Le coup d’envoi d’un chantier pharaonique de huit ans. «Ce que nous avons fait, c’est du concret», insiste-t-il «cela va nous permettre de faire débuter le chantier en 2024 alors que les initiales de la loi d’orientation des mobilités prévoyaient un début des travaux pour 2029». Un calendrier quelque peu bousculé grâce «aux décisions prises l’année dernière et au travail conjoint» des différents acteurs.
Un «élan retrouvé» selon le Premier ministre, également, grâce «au financement à hauteur de 40% de l’Etat».
Jean Castex de passage dans le Gers a parlé de la gare d'Agen Jean Castex de passage dans le Gers a parlé de la gare d'Agen Photo Vincent Couet-Lannes.
Au cours de cette déclaration sur les terres gersoises, le chef du gouvernement est revenu sur «les inquiétudes dites de la gare d’Agen». Une gare importante à plus d’un titre pour de nombreux Gersois qui rallient la ville préfecture du Lot-et-Garonne pour sauter dans un train. Ce que faisait d’ailleurs Jean Castex. «Un peu de bon sens tout de même», indique-t-il, «quelle ne fut pas ma surprise que le conseil départemental de Lot-et-Garonne - alors qu’il est desservi par cet ouvrage - ait indiqué son refus de financer».
«Enlever la gare d’Agen, c’est repartir à zéro»
Indéniablement, le Premier ministre a voulu calmer le jeu après son coup de sang, dans ces mêmes colonnes : «la LGV ne s’arrêtera pas à Agen». Le discours est plus polissé aujourd'hui. «La gare d’Agen est dans la déclaration d’utilité publique. L’enlever c’est repartir à zéro», a lâché le Premier ministre. Avec «cette fermeté», il voulait revenir «à la raison». En tout cas, il s’est félicité que le conseil régional «ait pris ses responsabilités» en préfinançant 225M€.
Mais Jean Castex ne semble pas vouloir en rester là et «tend la main» au conseil départemental de Lot-et-Garonne «pour ouvrir une discussion constructive à la recherche d’une solution».
Cet appel du Gers sera-t-il entendu jusqu’à Saint-Jacques ? Difficile à imaginer surtout après le dernier débat d’orientations budgétaires où la majorité départementale est restée sur ses positions avançant ses arguments que «la future gare de Sainte-Colombe se ferait» face à une opposition insistant pour «rouvrir les discussions».
Il en faut plus pour décourager le Premier ministre qui par ailleurs a annoncé la création de la société qui portera le financement de la ligne. «Cela passera par une ordonnance», a-t-il précisé donnant rendez-vous à un Conseil des ministres de début mars. Un décret d’application alors permettra de rendre le dispositif opérationnel. Étape indispensable pour un début des travaux dès 2024. Un calendrier somme toute serré avant de quitter Matignon.