Article de Sud-Ouest
« Le financement du GPSO est loin d’être sur les rails », affirment une dizaine d’associations de protection de l’environnement anti-LGV © Crédit photo : Archives Thierry David / « Sud Ouest »
Par Benoît Lasserre - b.lasserre@sudouest.fr
Publié le 14/02/2022
Plusieurs associations de défense de l’environnement demandent au Conseil d’État de refuser le plan de financement du projet de LGV vers Toulouse et Dax
C’est ce mardi que le Conseil d’État doit, à la demande du gouvernement, examiner le plan de financement du GPSO (Grand projet du Sud Ouest), prolongement de la ligne à grande vitesse Paris-Bordeaux vers Toulouse et Dax. Un chantier évalué à 14,3 milliards d’euros, financé à 40 % par l’État, à 40 % par les collectivités locales de Nouvelle-Aquitaine et d’Occitanie, à 20 % par l’Union européenne.
Réunis autour de Denis Teisseire, le fondateur de l’association Trans’CUB qui fit dérailler dans les années 90 le projet de métro bordelais, et de Philippe Barbedienne, le président de la SEPANSO 33, onze associations, locales ou nationales comme France Nature Environnement, ont tenu une conférence de presse ce lundi 14 février pour évoquer le courrier adressé à la plus haute juridiction administrative.
Le courrier est éminemment technique mais l’objectif de ces associations est limpide. « Nous voulons faire capoter le projet, assure Denis Teisseire. Mais nous sommes aussi des gens responsables. Si le projet aboutit, nous voulons que ça ne se fasse pas au détriment financier des collectivités locales, ce qui est actuellement le cas. »
« D’autres munitions »
Denis Teisseire rappelle d’abord que le plan de financement voté par plusieurs collectivités locales a changé le 7 février dernier puisque la Région Nouvelle-Aquitaine a pris à sa charge une avance de 225,6 millions d’euros pour pallier les déficiences d’autres collectivités comme l’intercommunalité basque ou le département du Lot-et-Garonne. « D’ailleurs, ajoute-t-il, à part un petit cercle réuni autour du président de Région, les élus ont dû se prononcer sur un dossier dont ils ont pris connaissance seulement la veille. C’est une violation des conditions légales d’information des élus. Cette délibération doit être annulée. »
Le fondateur de Trans’CUB, qui précise avoir passé des nuits à décoder les délibérations, dénonce également « un contrat léonin » au détriment des collectivités locales, mais au profit de SNCF-Réseau. « Toutes les dépenses supérieures du chantier ou les recettes fiscales inférieures aux promesses seront à leur charge et donc à celle des contribuables. Les risques sont énormes pour elles. »
« Je n’arrive toujours pas à savoir si les élus agissent par malhonnêteté intellectuelle, mauvaise foi ou naïveté », ajoute Philippe Barbedienne.
Autre lièvre que Denis Teisseire dit avoir levé, les subventions européennes. Elles sont de 2,8 milliards d’euros pour le GPSO. « Or, affirme-t-il, la Commission européenne a annoncé le 16 septembre dernier que l’enveloppe 2021-2027 pour tous les projets ferroviaires des 27 pays serait d’1,87 milliards d’euros. » Le porte-parole des associations s’en est également pris à Jean-Luc Gleyze, le président du département de la Gironde, anti-LGV mais accusé de mener double jeu avec Alain Rousset.
Le Conseil d’État ne rendra pas forcément public son avis. S’il valide le financement, « nous avons d’autres munitions », prévient Denis Teisseire qui rappelle l’abrogation du projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. « Mais nous respecterons la légalité », promet Philippe Barbedienne.