Sur le journal 20 minutes Pierre Hurmic répond à quelques questions dont celles sur la LGV que je reprends ici. C’était le 2 février or le 7 le Conseil régional Nouvelle Aquitaine mettait les quelques kopechs manquant. Hurmic a lancé une pétition, un site internet et j'ai relayé aussitôt ce passage à l'action mais pour quel bilan ? Une façon de se donner bonne conscience ? Depuis toujours je ne discute jamais les discours mais les actes et des actes manquent à l'appel ! J-P Damaggio.
Journal 20 minutes
La congestion [de Bordeaux] est aussi due aux camions sur la route. La LGV Bordeaux-Toulouse, à laquelle vous êtes opposé, ne permettrait-elle pas justement de développer le ferroutage (mode de transport qui combine rail et route) ?
Ce n’est pas la LGV qui va limiter les camions sur l’autoroute. Nous n’avons pas de politique nationale de ferroutage, la France est le cancre de l’Europe en la matière, car nous avons mis tout l’argent dans les lignes à grande vitesse. Les pays en pointe sont l’Allemagne, l’Autriche, la Suisse, des pays qui n’ont pas de réseau à très grande vitesse. En France, ces dernières années, on a eu un accroissement des LGV, et un recul inouï du transport marchandise. Le ferroutage n’est pas une priorité politique, mais une priorité de slogans de la part de certains élus locaux.
La LGV semble quand même partie pour se faire, non ?
Pour moi ce n’est pas fait, il n’y a pas les financements. Nombre de communes ne vont pas contribuer, comme la communauté de communes du Pays Basque, et il manque 36 % du financement de la métropole de Bordeaux. L’Etat ne veut pas payer davantage et les autres collectivités ne mettront pas un kopeck de plus.
On peut penser qu’au final, l’Etat complétera le financement ?
Est-ce que c’est vraiment l’Etat qui veut ce projet ? Les collectivités poussent beaucoup, que ce soit à travers le président de la Nouvelle-Aquitaine, la présidente de l’Occitanie ou le maire de Toulouse. Vous vous rendez compte que ce projet va artificialiser 4.800 hectares d’espaces naturels, de forêts, de terres viticoles. Les gens ne vont pas laisser faire. C’est un projet qui est très daté, conçu à une époque où personne ne parlait d’environnement, et toutes les LGV nécessaires ont été faites. Même la Cour des comptes dit que c’est un modèle « porté au-delà de sa pertinence».
On comprend néanmoins qu’il y ait de l’attente côté Occitanie ?
Quand les Toulousains se demandent pourquoi ils n’ont pas de LGV et pourquoi ils sont plus loin de Paris que Bordeaux, ce n’est pas le fruit de l’histoire, mais de la géographie. Et même quand ils auront une LGV à 3h30 vers Paris [le meilleur temps de trajet Toulouse-Paris passerait en réalité à 3h10 contre 4h10 actuellement], ils continueront à faire l’aller-retour à Paris en avion, ce n’est pas une alternative. Je suis un défenseur acharné du ferroviaire, et je continuerai à me battre jusqu’au bout pour qu’on favorise les transports du quotidien, mais la LGV est un sujet emblématique du monde d’hier. Il faut mettre les milliards de la LGV sur les autres lignes, c’est la seule façon de désengorger les autoroutes. Je crois qu’on vit la fin d’une époque, et la congestion va obliger les gens à prendre d’autres habitudes. Franchement, tout le monde s’accorde à dire que nous sommes à un changement civilisationnel, que la crise du Covid-19 a accéléré, et en ce sens, quel est l’intérêt d’aller toujours plus vite ?