Les groupes EELV ont mis au point un scénario nouveau pour défendre le POLT et tenir compte du projet du POCL. Il s'agirait de construire un Y renversé en partant de Paris (voir carte). Le projet semble tenir la route (ou le rail) mais ne peut satisfaire les massacreurs du POLT ni les batisseurs du POCL. Contrairement à ce qui est dit, le projet vise aussi à mettre d'accord les différents groupes EELV (voir article sur limoges en TGV. Voici comment il est présenté sur La Nouvelle République (les documents EELV ne peuvent être copiés). JPD
Les écologistes proposent une alternative à la grande vitesse : la modernisation d’un réseau “ Cœur de France ”. Un scénario trois fois moins coûteux.
Pendant près de deux ans, des groupes d'élus régionaux Europe Écologie-Les Verts (EELV) concernés par le projet Pocl (Paris-Orléans-Clermont-Lyon) ont planché sur un schéma alternatif aux projets de ligne à grande vitesse. En privilégiant notamment une amélioration du réseau interrégional existant. « Nous étions en train de peaufiner notre scénario alternatif lorsque la lettre de Daniel Bursaux, du ministère de l'Environnement, est sortie (NR de vendredi 15 février), explique Jean Delavergne, président du groupe EELV au conseil régional du Centre. Cela a eu l'effet d'une bombe. »
" Cul-de-sac ferroviaire "
Dans cette fameuse lettre adressée aux collectivités susceptibles de financer la ligne à grande vitesse Poitiers-Limoges, le directeur général des Infrastructures, des Transports et de la Mer révèle la volonté de RFF (Réseau ferré de France) de réduire le trafic sur la ligne Polt (Paris-Orléans-Limoges-Toulouse). Pour améliorer, par un jeu de vases communiquant, la rentabilité de la ligne Poitiers-Limoges, « il faudrait réduire le nombre de trains sur la ligne Paris-Toulouse, passant de sept allers-retours quotidiens dans le dossier d'études à quatre. Contre onze actuellement, rappelle Charles Fournier, conseiller régional. C'est catastrophique pour cette ligne Polt qui irrigue les territoires. » Les Verts se positionnent donc clairement contre ce projet. « L'Indre, le nord de la Haute-Vienne et la Creuse se retrouveraient dans un cul-de-sac ferroviaire. » Et privilégient un réseau " Cœur de France " modernisé et renforcé.
Dans ce scénario alternatif, EELV prévoit deux tronçons de lignes nouvelles : entre Roanne et Lozanne (Rhone-Alpes) et entre Paris et Orléans-Montargis. « Cela permettrait de désengorger une partie du réseau et de réaliser des gains de temps suffisants. » Autre axe fort de ce scénario : la modernisation des voies existantes, pour atteindre des vitesses entre 200 et 250 km/h. « Les voyageurs ne sont pas seulement demandeurs de grande vitesse. Ils regardent aussi les prix des billets. Nous arrivons donc à une alternative qui donne des temps de parcours estimés assez crédibles, avec par exemple un Paris-Châteauroux en 1 h 30. » Coût de ce scénario ? « Environ 6 milliards en tout. Contre autour de 20 milliards pour l'ensemble du projet à grande vitesse. »
Pour les Verts, la logique de « l'empilement de LGV très coûteuses », n'est pas une logique de « maillage du territoire ». Pour rester à grande vitesse, les trains ne s'arrêteront pas partout. « Nous ne sommes pas opposés à la LGV par principe. Mais nous ne voulons pas que l'Indre ne fasse que regarder passer les trains », conclut Monique Lajonchère, responsable des Verts dans l'Indre.
réaction
« Pourquoi un fonctionnaire écrit-il aux collectivités financeuses ? Et avec cette injonction de choisir entre le Polt ligne classique et la LGV Poitiers-Limoges ? » Paulette Picard, présidente de la Chambre de commerce et d'industrie de l'Indre, a « l'impression que l'on veut casser le Polt, l'assécher ». Elle réagit ainsi à la lettre qui a mis le feu aux poudres (NR de vendredi et de dimanche). Et la présidente s'interroge : « Où est la démocratie ? Il faudrait, dans ce cas, une réouverture du débat public, car on veut réduire arbitrairement les dix allers-retours quotidiens du Polt à sept, puis à quatre […] Comment l'État a-t-il pu accepter une contre-expertise du volet socio-économique, en incluant le Polt, alors que ce dernier est exclu de l'économie du Pocl ? Le Polt doit rester classé priorité nationale. » Et il faut, dit-elle, une « contre-expertise sur l'économie du Polt en réintégrant le potentiel de Limoges et de Brive, aujourd'hui exclu. Sacrifier 712 km de voie ferrée, colonne vertébrale de la France, met en péril tout le développement de nos territoires. Nous nous mobiliserons fortement pour que la raison l'emporte. »
Naëlle Le Moal