La SNCF invente le low cost ?

Les lecteurs du livre La Fracture ferroviairele savent : le TGV a été inventé sur le modèle de l’avion. Sauf qu’à partir d’une certaine distance, le transport terrestre est mal placé pour concurrencer le transport aérien ! Avec le low cost le « copier-coller » est encore plus triste. Arriver 45 minutes à l’avance pour se faire enregistrer ainsi que son unique bagage. Partird’une gare extérieure aux gares centrales. Plus de première classe.

Bref, nous sommes plus que jamais dans le train-avion et cette stratégie est ridicule.

Non, il n’est pas ridicule de baisser les prix et rappelons en passant que low cost ne veut pas dire « bas prix » mais « bas coût ». La SNCF cherche à diminuer les coûts mais je doute qu’elle diminue les prix en conséquence.

Un produit d’appel

Première fonction du « low cost » : servir d’opération marketing pour embrouiller les esprits avec un produit d’appel. En effet cette opération  ne doit concerner que deux voyages par jour de Marne-La-Vallée à Montpellier, et de Marne-La-Vallée à Marseille par Lyon Saint-Exupéry. Cette opération devrait concerner 1,6 million de voyageurs en 2013.

Pourquoi les gares externalisées ?

Pour rentabiliser ces gares vides ! Preuve manifeste que les gares centrales ont plus de succès, alors qu’on nous répète, pour la joie de la future gare de Bressols, que les Toulousains viendront plus facilement prendre le train à Bressols qu’à Matabiau. Oui, pour certains, mais non pour la majorité.

Et la vitesse ?

La revue Challenges qui a eu accès au document de travail du projet indique au sujet du voyageur :

« Il aura une place assise garantie, aucune surréservation ne sera autorisée.

- Il devra se présenter 45 minutes avant le départ, pour le contrôle des billets et de son unique bagage.

- Le quai sera fermé 5 minutes avant le départ (il s’agit autant de ne jamais retarder les trains que de pouvoir ensuite promouvoir le TGV classique dans lequel le passager peut monter jusqu’à 2 minutes avant le départ du train). »

Nous sommes bien dans le système avion. On peut être sûr que le 45 minutes avant, va enthousiasmer beaucoup de voyageurs ! Le deuxième bagage est facturé.

Qui coûte cher ?

L’idée c’est de supprimer la première classe et de bien remplir le train. En supprimant la première classe la rame passera à 630 places et augmentera ainsi de 20% le nombre de voyageurs. Bien sûr, il n’y aura plus de wagon bar et le contrôleur est sur le quai comme pour IdTGV. Le billet lui-même ne sera accessible que par internet. C’est là qu’on devine que le 25% de moins du billet, est en effet fortement compensé pour les économies de la SNCF.

Pas un système privé

Pour le fret sur rail la SNCF a une filiale privée VFLI mais là nous restons dans le système public avec des cheminots qui cependant travailleront dans un autre type d’organisation.

Bilan

L’opération Aspartan (nom du projet) va s’accompagner d’une campagne publicitaire d’enfer, or, pour éviter d’augmenter les billets, il y a une solution très simple : valoriser les lignes existantes plutôt que de dépenser des milliards pour des projets inutiles.

Avec le low cost, la SNCF veut expérimenter des formes de travail nouvelles : maintenance des rames la nuit, nouveau statut du cheminot… et trains qui ne s’arrêtent pas car ce n’est pas dit clairement, mais seulement trois gares seront concernées. Pour aller à Paris, il sera sans doute moins cher d’aller prendre le train à Montpellier qu’à Toulouse !

Oui, nous encourageons la SNCF à baisser les prix, mais pour tous et non pour quelques lignes qui ont été rentabilisées. Nous ne manquerons pas de revenir sur le sujet.

JPD