Suite au projet de référendum dans le 47 nous avons publié deux textes :
Nous découvrons qu'à l'inverse du Tarn et Garonne où nous savons tenté la même opération, refusée elle aussi (mais avec arrêté municipal), les deux quotidiens du Lot et Garonne font un large écho en UNE, au sujet. Nous reprenons les deux article. JPD
La votation refusée vue par La Dépêche
A Feugarolles, dimanche matin, tout le monde était prêt. La presse, le maire, les votants sortis des isoloirs des élections européennes, même une équipe de tournage avait fait le déplacement en vue d'un documentaire sur ces infrastructures qui provoquent la colère des citoyens… Tous étaient là, mais aucun signe du stand et du chapiteau annoncés par l'association Très Grande Vigilance en Albret. La votation citoyenne sur le projet de LGV n'a finalement pas eu lieu.
La préfecture a le dernier mot
A la place, les adhérents de l'association se sont réunis à quelques mètres des bureaux de vote autour de pancartes annonçant leur scrutin, barré d'une grande inscription «Interdite par le préfet». Même scénario à Xaintrailles et Montesquieu, où des votations devaient avoir lieu.
Malgré l'accord verbal donné par les maires, pour que l'événement ait lieu sur l'espace public, les services de l'état ont jugé que cela pouvait troubler le bon déroulé des élections européennes. Jean-François Garrabos, maire de Feugarolles, attendait un arrêté clair de la part de la préfecture pour prendre sa décision. Il n'en a pas reçu, mais n'a pas eu d'autres choix que de se soumettre aux injonctions de ses supérieurs hiérarchiques : «On en est resté aux écrits comminatoires, qui ont un ton obligatoire. Le sous-préfet m'a demandé de retirer verbalement ce que j'avais accordé verbalement», explique-t-il. Une obligation doublée de menace de sanctions.
C'est cet argument qui a découragé l'association. «Si on a renoncé, ce n'est pas par crainte du préfet à notre égard, mais par respect pour les maires qui subissent de grosses pressions. Ce n'est pas ça la démocratie», proteste la vice-présidente du mouvement, Catherine Aime.
Électeurs mobilisés
Les citoyens hors du débat ne comprenaient pas non plus, hier matin, l'intérêt de l'interdiction. Venus voter pour les européennes, ils comptaient bien glisser aussi un bulletin dans l'urne de TGV en Albret Les uns après les autres, ils ont accosté les militants avec une même question : «C'est ici qu'on vote ?». Une adhérente confie : «à Xaintrailles aussi les gens sont venus avec leur bulletin LGV. Quand on leur a dit qu'on ne faisait plus la votation, ils ont dit que, puisque c'était comme ça, ils n'iraient pas voter pour les européennes non plus.» «De toute façon, c'est un vote qui ne compte pas, ils auraient pu le laisser faire», renchérit un électeur venu pour rien.
Rendez-vous à la préfecture
Avec cette votation avortée, l'association perd 1 600 €, mais ne s'avoue pas vaincue. Mardi, à 11 heures, les adhérents et sympathisants se retrouveront devant la préfecture à Agen, histoire d'exprimer leur ras-le-bol aux autorités : «Par la force des choses on va être obligés de sortir de notre courtoisie face à l'injustice et l'incompréhension que l'on ressent, résume Catherine Aime. Là, il y a une grosse colère, c'est juste du despotisme.»
Les revendications de l'association devraient donc parvenir clairement aux oreilles des élus et de l'administration, ainsi qu'à celle des représentants de Réseau Ferré de France. Justement ils seront de passage à Feugarolles mercredi après-midi, pour présenter le tracé de la LGV en 3D aux maires des sept communes impactées sur le canton de Lavardac. Une réunion qui doit se tenir en comité restreint… Pour l'instant.
La Dépêche du Midi
LUNDI 26MAI2014 WWW.SUDOUEST.FR
L'interdiction préfectorale a étonné des électeurs
LGV L'association Très grande vigilance en Albret n'a pas organisé la votation citoyenne au regret de certains électeurs qui disent ne pas comprendre l'interdiction préfectorale
MICHEL LAFFARGUE
Les électeurs de Feugarolles, Montesquieu et Xaintrailles qui se réjouissaient de pouvoir donner publiquement leur opinion sur le projet de création d'une ligne à très grande vitesse (LGV) ont déchanté en arrivant, hier, sur les lieux de vote réservés aux seules élections européennes.
N'étant pas des adeptes du coup de force et ne souhaitant pas créer des problèmes aux maires concernés, les membres de l'association Très grande vigilance en Albret qui avaient décidé de proposer une votation citoyenne, ont abandonné leur projet.
Ils n'ont donc pas monté comme prévu des chapiteaux et installé des urnes pour permettre ce vote parallèle qui se voulait être un acte de démocratie directe par rapport à un projet pour lequel ils estiment que la population n'a jamais été concernée.
Ils se sont contentés de disposer des panneaux à l'entrée des chemins menant aux lieux de vote en indiquant clairement que le scrutin avait été interdit par la préfecture.
Regrets
Ce qui n'a pas manqué de susciter des discussions avec des citoyens venus voter, dont certains ne mâchaient pas leur mot à l'exemple de Marcel, ancien agriculteur, à la sortie de la salle polyvalente de Feugarolles : «Je ne regrette pas de ne pas pouvoir m'exprimer sur le sujet, je suis indigné ! Parce que le préfet évoque des raisons qui ne sont fondées sur aucun texte et qu'il n'a pas pris d'arrêté pour interdire ce vote. J'aimerais savoir si nous sommes ou non en République. J'aurais aimé pouvoir exprimer mon opinion et j'aurais voté contre ce projet qui bouffe du terrain à l'agriculture, et à cause de son coût financier. D'un côté, l'État nous dit qu'il ne faut pas gaspiller, qu'il faut économiser et d'un autre, coté on nous présente un projet inutile dont le coût est exorbitant. Tout cela pour gagner dix minutes à un quart d'heure entre Agen et Paris. Combien de maisons de retraite par kilomètre, d'hôpitaux pour enfants malades représenterait le financement de LGV ? »
Pour avoir respecté « les écrits comminatoires » de la préfecture, les militants de Très Grande vigilance en Albret s'interrogeaient : « Si ce soir, des bulletins de la votation remplaçaient ceux des Européennes, ce n'est pas de notre côté qu'il faudra chercher les éléments "de nature à troubler 1’opérations électorales"...»
Ils le diront de vive voix demain matin devant la préfecture où ils projettent d'aller manifester leur désaccord.