Voici un article de L'Humanité qui nous montre à quelle vitesse avance le Lyon-Turin qui était classé "urgence"... en 2005 ! J-P Damaggio
Urgence pour le TGV Lyon-Turin et le ferroutage
MARDI, 7 JUIN, 2005
Les deux morts de l'incendie du tunnel du Fréjus, le traumatisme chez les conducteurs routiers, l'inquiétude des populations proches des tunnels alpins relancent un débat que le gouvernement avait crû pouvoir passer aux oubliettes. À tel point que Dominique Perben, nouveau ministre des Transports, et depuis longtemps présenté comme candidat à la mairie de Lyon, n'a parlé, dimanche, ni de la nécessité du développement du fret ferroviaire ni de l'accélération des travaux sur le TGV Lyon-Turin, qui est pourtant une exigence des élus rhônalpins, toutes tendances confondues. Espérons que la visite du ministre en Italie, hier, lui a rafraîchi la mémoire.
LES ITALIENS SONT PRÊTS, PAS LES FRANçAIS
En effet, alors qu'il avait fallu à Jean-Claude Gayssot, alors ministre des Transports, deux ans, pour convaincre les élus italiens de l'opportunité du Lyon-Turin et du ferroutage, aujourd'hui, ce sont les Italiens qui sont prêts, mais pas les Français, lobby routier et réduction des dépenses obligent. Bernard Soulage, président de la commission transport du conseil régional Rhône-Alpes, explique : « Pour faire avancer le Lyon-Turin, une des réponses au trafic du fret par les tunnels, il faut à rythme accéléré finir les travaux préparatoires, déterminer le porteur juridique de l'opération et se décider sur la hauteur de l'engagement du gouvernement français. Ce qui a été refusé, lors de la dernière réunion de la conférence intergouvernementale Lyon-Turin, par le ministre des Finances français. C'est un problème sérieux. Au plan européen, les engagements sont de 30 % sur l'ensemble du projet et de 50 % des travaux pour la partie tunnel (sur un budget estimé à 12,5 milliards d'euros) mais restent soumis à d'ultimes choix budgétaires. »
L'échéance a été fixée et réaffirmée pour 2012. Mais sur la section Bourgoin-Chartreuse, on en est encore aux consultations sur le tracé définitif, les travaux sur la descenderie de Modane sont au point mort à la suite de problèmes géologiques. « Les retards vont être importants, estime Véronique Martin, des cheminots CGT de Chambéry. Il y a eu l'engagement des deux États, un protocole entre le conseil régional et les collectivités, mais on en est resté là. Il n'y a pas d'engagement financier concret, à part européen. »
Une aide européenne sous condition
Autre solution de remplacement : l'autoroute ferroviaire Eton-Orbassano, dont le tunnel ne peut accueillir les gros gabarits. Il est en travaux pour lui permettre de faire passer sur wagons surbaissés tous les gabarits de camions, et il est donc fermé de 12 h 30 à 17 h 30. Le reste du temps, il permet de charger sur des wagons les citernes et camions de moins de 44 tonnes, hors produits inflammables qui doivent circuler à l'air libre. Les travaux ont pris deux ans de retard pour cause de manque de financement... Une des nombreuses raisons qui incitent Gilles Ravache, conseiller régional communiste de Haute-Savoie, à demander l'arrêt des tergiversations gouvernementales. « Le transport fret de la SNCF perd encore du terrain cette année, alors que Jean-Claude Gayssot demandait, il y a quatre ans, son doublement. La Commission européenne a conditionné son soutien à la condition d'une réduction des soutiens financiers du gouvernement à cette politique de la SNCF, au nom de la concurrence. C'est absurde. Cela revient toujours à privilégier le transport routier. »
Émilie Rive