En 2009 le président Obama a présenté un plan stratégique afin de renforcer le système ferroviaire existant aux Etats Unis et surtout de développer un réseau de train à grande vitesse pour le transport de passagers. Ce plan vise principalement à réduire la circulation sur les routes aux abords des grandes villes ainsi que le trafic aérien tout en offrant un moyen de transport propre, souligne l'administration ferroviaire fédérale.
Le "plan stratégique" de Barack Obama prévoit le financement de deux types de projets. L'un consisterait en la création de nouveau "corridors" destinés à des trains à grande vitesse – en rouge sur le plan (TGV ou HSR High speed rail en anglais) "comme ceux développés en Europe et au Japon". L'autre volet du projet implique la rénovation de lignes existantes afin de les rendre plus rapides.
En 2012 puis en fait en 2014 le démarrage du chantier de la ligne à grande vitesse californienne, entre San Francisco et Los Angeles, devait donner une impulsion nationale à cette industrie, qui n'a jamais percé. Or les promoteurs du "TGV" reconnaissent que les vents contraires restent forts, les Républicains du Congrès refusant de financer un plan national d'investissement pour créer le vaste réseau voulu par le président Barack Obama et ses alliés démocrates. Dans un premier temps, un budget de 8 milliards de dollars doit être attribué afin de mettre les projets sur les rails puis un milliard de dollars par an seront débloqués pendant cinq ans.
Donc en 2016 on apprend qu'Alstom se place en pole position sur le marché américain du train à grande vitesse avec le contrat de 1,8 milliard d'euros décroché auprès d'Amtrak et l'entreprise prend une petite revanche après des années d'efforts pour convertir les Etats-Unis au TGV. L'accord signé en grande pompe, le plus gros obtenu par Alstom aux Etats-Unis, prévoit que le groupe français concevra et construira pour la compagnie ferroviaire publique américaine 28 nouveaux trains à grande vitesse destinés au "couloir Nord-Est" entre Washington et Boston, via New York et Philadelphie. Il est complété par un accord prévoyant une assistance à la maintenance des trains pour 15 ans au moins.
Est-ce que la Californie qui s'annonçait en pointe est dépassée par l'Est ?
Les trains Avelia Liberty, derniers-nés da gamme Alstom, remplaceront les anciens trains à grande vitesse Acela fabriqués en consortium par Alstom et le canadien Bombardier et qui sont en service depuis l'année 2000. Car en fait sur la ligne de l'Est la grande vitesse existe déjà mais à 250 km/h ! Alstom fait à présent cavalier seul face à ses grands adversaires : Bombardier, Siemens ou encore Mitsubishi Heavy Industries.
Est-ce à dire que la critique du TGV souvent lue sur ce blog est remise en question ?
Pas du tout : aux USA le rail pour les voyageurs est inexistant et les distances permettent à la grande vitesse de jouer son rôle. J'ai toujours été favorable à la LGV Paris--Marseille ou Madrid-Barcelone tout en pointant les méfaits induits : déménagement des villes intermédiaires.
Les nouvelles rames Avelia Liberty d'Alstom circuleront de Boston à Washington à une vitesse maximale au départ de 257 km/h pour des raisons d'infrastructure. Ils préfèrent parler de la vitesse maximale que de la vitesse moyenne…
Alstom a signé plusieurs méga-contrats : en Inde fin 2015 pour la fourniture de 800 locomotives électriques et la construction d'une usine dans l'Etat de Bihar (2,8 milliards d'euros), à Dubaï en juin pour l'extension du métro de la ville (2,6 milliards d'euros en consortium), en Italie toujours en juin pour construire des trains destinés à Trenitalia (contrats d'une valeur cumulée de 4,6 milliards d'euros en consortium).
Le matériel d'Amtrak sera cependant en grande partie produit aux États-Unis car financé par des fonds fédéraux. Les rames seront fabriquées sur le site historique d'Alstom à Hornell (Etat de New York) et leur maintenance sera réalisée dans les dépôts d'Amtrak à Boston, New York et Washington DC, avec le soutien des sites Alstom de New York, du Delaware et de l'Illinois, a précisé le groupe français dans son communiqué. Ce qui n'empêche pas La Dépêche de parler des retombées sur Tarbes...
Au total un cocorico qui pourrait être plus modeste que des titres du genre "contrat du siècle" ! D'autant que les nouvelles venant de Californie sont peu encourageantes et les aides fédérales, décisives dans le projet, ne seront valables que jusqu'en 2018. Avec des Républicains qui refusent toujours de voter de tels financements pour des infrastructures. J-P D.