La SNCF est sous le feu de l'actualité et sur ce blog c'est assez calme. Rien sur le rapport Spinetta par exemple. Rien sur le discours de Philippe. Mais bon je vais me rattraper. En attendant je reprends cet article du Canard qui rappelle ce que nous disons depuis des années : le déficit de la SNCF provient surtout des folies LGV. On parle de la rentabilité des petites lignes mais la LGV Tours Bordeaux qui devait rapporter des mille et des cents va être en déficit clair et net. Parce que les péages sont chers ? Mais pourquoi les péages sont chers ? Car c'est un PPP et il faut bien que Vinci se fasse sa marge ! D'ailleurs sans ce PPP le déficit actuel serait bien plus fort mais la facture est reportée à plus tard. Quant aux rapports Régions-SNCF ils posent un autre problème. Dans notre région il est de bon ton de ne pas dire du mal de la SNCF car c'est une entreprise publique et on apporterait ainsi du mal à ceux qui sont pour la privatisation. Mais parfois il y a un coup de colère et on apprend que la région paie 450 millions par an pour combler des trous. Il y a plusieurs mois nous avons évoqué le problème Montauban-Brive où le train est remplacé par un car (sans que rien ne l'annonce sur internet) pour plusieurs semaines pour cause de travaux et j'entends le porte-parole de la SNCF cheminots se plaindre de cet état de fait, le même qui est totalement favorable à la LGV car il faut tout faire ! Bref, cet article apporte sa dose d'informations utiles. JPD
Pour taxer les Régions la SNCF est pleine d’entrain
(Le Canard de cette semaine)
Boxeur amateur, Edouard Philippe a transformé en punching-ball le pédégé de la SNCF, Guillaume Pépy, dans les coulisses de sa conférence de presse du lundi 26 février. Raison de ce courroux : Pépy avait convoqué les journalistes pout le lendemain, afin de leur présenter les résultats 2017 de la boîte. Or l'excellent résultat de sa marge opérationnelle (1,8 milliards) pouvait donner à penser que le gouvernement se précipitait inutilement.
Heureusement pour la réforme, le fardeau de la dette est intact et produit des frais financiers catastrophiques (1,3 milliard) ! ! Les intérêts liés à la dette - un gouffre de 50 milliards - mangent donc le tiers des bénéfices. Avec de tels chiffres, Pepy peut affirmer qu'il fait bien son métier mais que ses résultats sont plombés par l'Etat. Celui-ci a en effet creusé la dette en imposant des investissements colossaux, notamment sur les lignes TGV.
Le «bon» résultat de 2017 rend plus difficile la tâche du gouvernement, engagé, à l'entendre, dans une réforme profonde. La ministre chargée des transports, Elisabeth Borne, ne souhaitait pas d'ailleurs, que le Premier ministre se batte sur plusieurs fronts. Message reçu : Philippe a finalement renoncé de se mettre à dos les élus locaux en fermant les 9000 km de petites lignes déficitaires pointés dans le rapport Spinetta.
Sur le front syndical, la réforme du régime de retraite des cheminots est renvoyée à 2019. Mais il faudra quand même en passer par un conflit lourd avant d'exclure du statut des cheminots tous les nouveaux embauchés.
Horreur d'aiguillage
La guerre n'est pas totalement évitée avec les conseils régionaux. Depuis qu'il préside les Hauts-de-France, Xavier Bertrand n'a de cesse de crier gare à l'arnaque Tout y passe : quand la SNCF vend aux régions des autocollants pour améliorer la signalétique dans les gares, elle prend au passage 14 % de frais d'ingénierie. Si elle commercialise en Europe de l'Est les antiques rames de TER mises au rebut par les conseils régionaux, elle prélève 15% de commission sur le prix de vente.
Une caméra de surveillance coûte trois fois plus cher dans une gare que dans un lycée. Le «pelliculage d’un train aux couleurs de la région est facturé pas moins de 100 000 euros. Un petit dernier pour la route : quand la Picardie a décidé de retirer à la SNCF la gestion de la ligne Saint-Quentin-Origny pour la confier à Socorail, la facture régionale est tombée de 600 000 à 345 000 euros.
Plus facile d'arrêter un TGV lancé à 300 km/h que Xavier Bertrand quand il accable de reproches la société nationale. Mais il lui concède quand même une excuse : « ça fait trente ans que l'Etat ne lui a jamais donné les moyens de réinvestir. Il ne faut pas s'étonner que la SNCF use de son instinct de survie pour faire ses fins de mois.»
Un expert gouvernemental confie ainsi au Canard que les TER représentent 23 % du total des dépenses des régions. Dans certaines, ce poste budgétaire est supérieur à celui des lycées. Quant au rapport qualité-prix, il est lui aussi calamiteux. Selon ce même expert, 5000 ralentissements (jusqu'a 30 km/h…) sont recensés actuellement sur les lignes secondaires. Mais voila : « Pendant des années les gouvernements ont imposé des dépenses sans en avoir les moyens. Ce sont donc les régions, qui ont dû payer… » Alain Rousset, le président de la Nouvelle-Aquitaine, peste contre un devis établi par la SNCF pour la réfection du tronçon Libourne-Périgueux : « En un an ce devis est passé de 45 à 80 millions. Et en plus, la région va devoir faire l'avance de la part que doit l’Etat.» -Quel pingre !
Au total selon l'expert qui se confie, au Canard l'an dernier, l’Etat a déboursé 2,2 milliards pour les transports en régions, alors qu'aux termes des contrats qu'il a signés avec les conseils régionaux pour l'entretien des petites lignes il aurait dû verser 3 milliards. «Bercy freine», râle ce même expert.
Arrêt Pepy
Sans attendre l'ordonnance Macron sur l'ouverture au privé, plusieurs régions affichent leur volonté de renégocier les contrats avec la SNCF. Laurent Wauquiez s'est même offert un coup de com’ en annonçant la prochaine prise de contrôle d'une ligne d'Auvergne-Rhône-Alpes par le Conseil régional puis le transfert de sa gestion au secteur privé,
Il s'agit d'une petite ligne touristique d'une quarantaine de kilomètres, Saint-Gervais-Vallorcine, en passant par Chamonix, qui est bondée pendant les vacances. Le plus nul des patrons ne réussirait pas à la mettre en faillite. Mais Wauquiez a montré ses muscles.
La région Sud (ex-Paca) va, elle, lancer un appel d'offres «blanc». Il s'agit, là encore, d'un coup de com’ destiné à montrer que la privatisation, ça marche. Transdev, filiale de la Caisse des dépôts, et l'italien Thello sont priés de faire des propositions. Objectif : faire peur à la SNCF pour qu'elle réduise sa facture. Pepy doit être terrorisé.
Alain Guédé
Grève party
Pour une fois, les syndicats vont monter au front dans l'unité. Ce n'était pas gagné, vu qu'ils vont s'étriper de nouveau à l'occasion des élections professionnelles de la rentrée. Pour éviter l'usure d'un conflit long, ils ont dans leurs cartons une stratégie radicale : après une ou deux grèves massives, ils passeraient à des mouvements tournants qui paralyseraient le trafic sans faire souffrir les feuilles de paie. Un jour les conducteurs, un jour les aiguilleurs.., et ainsi de suite. La présence de la CFDT facilitera grandement la manœuvre, elle est ultra-majoritaire chez les conducteurs.
Simple et pratique pour une grève-tourniquet.