Un cheminot l’a indiqué sur France Inter : sur la LGV Tours-Bordeaux, les trains sont pleins à 28%.
Une journaliste l’a indiqué sur Marianne : sur cette ligne nous avons l’équivalent de quatre trains par jour qui roulent à vide pour les beaux yeux de Vinci.
Mais les chiffres de la SNCF sont bien différents.
Ainsi le « journal » de la métropole de Toulouse indique dans son dernier numéro au chapitre des bons chiffres du tourisme (voir photo) :
« 3% de touristes en plus en 2017 par rapport à 2016 »
Et ensuite nous découvrons à la partie « comment viennent-ils ?» 13% en train avec un explicatif :
« 1,3 million de voyages en TGV au départ ou à l’arrivée, soit 24% de plus qu’en 2016 depuis la mise en circulation de la LGV Paris-Bordeaux. (SNCF)»
1 ) le chiffre ne porte pas sur les touristes mais sur le total des voyageurs ! En effet en 2017, indique le journal, il y aurait eu presque 6 millions de touristes et comme 12% viennent en train ça fait 600 000 donc même avec l’augmentation supposée on est loin de 1,3 million.
2 ) Quand on regarde du côté de l'avion on constate que depuis 2017 (donc malgré la LGV Tours-Bordeaux) l'augmentation est quatre fois plus importante qu'en train.
2 ) Le concurrent direct du train, c’est la voiture (60%) (l’avion 22%), et pourquoi ? C’est sur cette question qu’il faudrait se pencher.
En fait la SNCF est championne en matière de com et de lobby comme le démontre l’émission secrets d’info.
Et la com ça consiste à ne pas donner le nombre de voyageurs…
Cette émission est effarante sur le lobby de la SNCF en direction des élus : voyages payés à Boston et ailleurs etc. Voici le texte de l’émission.
« Le lobbying de la SNCF auprès des politiques
En complément de ses actions de communication, la SNCF a une politique active de lobbying auprès des leaders d’opinion, et en particulier des élus régionaux.
Depuis 2002, les élus en région sont décisionnaires dans les investissements sur les trains régionaux, les TER. C'est pourquoi la SNCF en fait sa cible privilégiée : _"Quand il y a de nouveaux élus, ils sont très vite invités, explique le journaliste Gilles Dansart, journaliste et directeur de la très sérieuse lettre Mobilettre. Dans le langage maison, ils sont "pris en main" pour leur faire une sorte de pédagogie du rail. Juste après la dernière élection régionale, la SNCF les a invités dans un grand restaurant près des Champs-Elysées pour une soirée."_
Ces invitations se font parfois aussi à l'étranger. En 2015, le groupe invite une trentaine d’élus à Boston pour leur présenter le contrat d’exploitation de transports qu’il vient de signer sur place. Et en mai 2017, plusieurs dizaines d’élus sont invités à Montréal, au sommet mondial des transports publics.
Dans cette stratégie, la Fondation SNCF est aussi un levier auprès des élus. Grâce à son budget de 5 millions €, cette fondation soutient 1000 projets par an, dans le domaine de la culture, du social et de l’insertion des jeunes. Une façon de se rappeler au bon souvenir des élus.
Le lobbying s’effectue aussi par le biais de cadres de la SNCF embauchés dans des cabinets ministériels ou parfois au sommet des ministères. Récemment, la presse a évoqué le cas de Florence Parly, et son salaire de 52 500 € par mois quand elle était à la SNCF, avant d’entrer au gouvernement Macron comme ministre des Armées.
"On sait qu'il y a quelqu'un au cabinet de Madame Borne, ministre chargée des transports, qui vient directement de la SNCF, affirme Yves Crozet, économiste et spécialiste des transports. En France, c'est l'entreprise qui a le meilleur lobbying face aux pouvoirs publics, pour un raison simple : SNCF Mobilités reçoit plus de 7 milliards € par an de subventions diverses de l'état et des régions. Quand vous avez un tiers de votre chiffre d'affaires qui vient de dotation publique, il faut soigner les relations avec les autorités publiques."
Le lobbying se fait aussi en sens inverse. Guillaume Pépy lui-même est passé par plusieurs cabinets à la fin des années 90, dont le cabinet de Martine Aubry au ministère du travail. Mais plus généralement, la SNCF recase des politiques. Au point que certains l’appellent "la voiture balai des politiques". En 2013, par exemple, Alain Le Vern, ancien président socialiste de la région Haute Normandie, n’a plus de mandat, il est embauché par la SNCF comme directeur général Régions et Intercités. "L'embauche d'Alain Le Vern s’est faite d'avantage pour son nom, sur le fait qu'il était politique, que sur sa compétence", affirme le journaliste Gilles Dansart de Mobilettre.
Parfois, cela peut aboutir à des situations limites. Par exemple, Véronique Morali, une femme d’affaires influente, épouse de Marc Ladreit de Lacharrière, (financier et patron de la Revue des deux mondes et dont le nom a été connu du grand public depuis dans l’affaire Fillon), a été à la fois administratrice à la SNCF et patronne de Webedia, entreprise spécialisée dans les sites internet. Webedia à qui la SNCF confiait des marchés. Elle a dû démissionner une fois l’information révélée par Mobilettre au printemps 2017.
« La SNCF a oublié son cœur de métier »
La communication et le lobbying ont donc pris une place très importante à la SNCF. Au point que plusieurs connaisseurs du secteur ferroviaire, comme Gille Dansart, estiment que l’entreprise publique s’est détournée de son cœur de métier :
"Le métier de la SNCF, c'était de faire rouler des trains. C'est devenu une entreprise de services qui privilégie beaucoup l'image. On peut considérer que c'est un projet qui prime sur le projet industriel."