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Autour de la table sept personnes qui se répartissent l’affichage de la campagne électorale.

L’un était en vacances en Andalousie et en est revenu sidéré à la vue de nombreux chantiers inachevés. L’autre a l’habitude de la Costa Brava où des terrassements de routes ont été abandonnés et se dégradent. L’autre a construit des ponts en Espagne, à défaut de châteaux. Il découvre à présent des montagnes de poutres en acier qui sont invendues et deviennent invendables. Le suivant a voulu prendre le TGV à Perpignan pour bénéficier de la nouvelle LGV par le col du Perthus. Chantier inachevé ! La Généralité doit payer à la fois les pénalités pour le retard (c’est une compagnie privée qui exploite la nouvelle ligne et qui a prévu de ne rien perdre) et le chantier lui-même. Bien sûr, juridiquement la priorité c’est de payer les pénalités mais ça retarde le chantier donc ça augmente les pénalités….

Non, je ne vais pas écrire qu’en décidant de devenir le champion du monde de la grande vitesse ferroviaire, l’Espagne a signé son arrêt de mort. C’est vrai, cette expérience lui a permis de coiffer sur le poteau la France dans le marché conclu avec l’Arabie Saoudite qui veut une LGV pour aller jusqu’aux lieux saints.

Nous avons simplement la preuve qu’en 2012 la stratégie des grands travaux ce n’est plus la solution. Cette stratégie appuyée par l’Europe se poursuit à présent en Pologne où les Chinois gagnent des marchés juteux (c’est ce qu’indique un autre des participants à notre petite rencontre).

Que faire ? En disant non à la LGV nous prônons l’austérité ? Il s’agit plus simplement d’engager une réflexion sérieuse sur les investissements nécessaires les plus utiles et conçus dans quelles conditions.

Le discours consistant à dire : « nous pouvons avoir des écoles, des hôpitaux, des TER, des LGV etc. » ne nous paraît pas judicieux, surtout s’il est tenu au nom du progrès social. Cette stratégie pousse les Etats dans les bras des banques qui, par l’intérêt des dettes, contrôlent ensuite la situation. Oui, il faut établir des priorités et pour nous la priorité c’est bien le ferroviaire qui nécessite des investissements, mais pas pour un LGV Bordeaux-Toulouse. Quand on expose le projet beaucoup nous répondent que finalement il ne va pas se faire, mais c’est sans compter avec la volonté de grands groupes qui peuvent ruiner des Etats si eux engrangent les bénéfices.

A lire les professions de foi, le paradoxe veut que la nôtre, qui s’appuie sur une situation locale, soit la seule à évoquer un pays étranger ! Déjà l’élection présidentielle avait été franco-française et les législatives continuent sur la même pente. Dans notre profession de foi vous pouvez lire :

« L’Espagne a investi lourdement dans la grande vitesse et le résultat est catastrophique. »

Bien sûr, au-delà même de cet article rapide il faudrait détailler le dossier : le prix du billet qui est prohibitif ; la priorité est donnée aux métropoles ; des constructions très rapides mais peu fiables sur le long terme etc.

 Parfois, autour d’une table rassemblant sept citoyens, il est possible de se confronter à la réalité mieux qu’avec sept spécialistes à moins qu’ils ne soient indépendants et jouent leur rôle. Le plus souvent ceux qui parlent sur le petit écran sont en service commandé ! Ils connaissent bien leur sujet mais présentent seulement les arguments qui vont dans leur sens. Nous ne dénonçons pas les experts en tant qu’experts (il en faut) mais les experts qui sont en fait des directeurs de la communication.

 Le PIB de la Grèce c’est celui du département français des Hauts de Seine. Avec la crise espagnole nous allons entrer dans un autre univers. Les manifs d’indignés et celles de syndicalistes tentent d’alerter le monde. Essayons de le penser autrement ce monde, si nous voulons le changer.

30 mai 2012 Jean-Paul Damaggio

Tag(s) : #l'international
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