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La Gironde en pointe contre la LGV

Sud-Ouest : Par Jérôme Jamet Publié le 19/02/2024 à 17h59.

À La Réole, le nouveau collectif LGV Desrailha a rassemblé près de 400 personnes et une vingtaine de collectifs opposés au Grand Projet ferroviaire du Sud Ouest (GPSO). En attendant l’arrivée des bulldozers, la mobilisation se renforce.

Les images aériennes d’un film promotionnel du chantier de la LGV Bordeaux-Tour projetées vendredi 16 février à La Réole, en Gironde, lors d’un grand rassemblement des opposants au futur chantier de la LGV Bordeaux-Toulouse-Dax, valaient mieux que tous les grands discours. Une saignée de plusieurs centaines de mètres de large sur des centaines de kilomètres, les plus gros bulldozers et engins de chantier que l’on puisse imaginer, toutes sortes d’ouvrages d’art en béton, des territoires coupés en deux pour toujours.

Des images saisissantes, à reporter dans le décor du massif des Landes de Gascogne pour bien comprendre ce que représente un tel chantier. « C’est ça un projet écologique ? », interroge l’un des organisateurs de la soirée au cours de laquelle ont été égrenés les nombreux arguments pour remettre en cause le Grand Projet ferroviaire du Sud Ouest (GPSO) baptisé par les opposants « le projet mortifère ». Ou encore « le projet insensé ».

À Bernos-Beaulac, par exemple, le triangle ferroviaire enjambera l’autoroute A 65, le Ciron et ses affluents avec plusieurs viaducs de 250 mètres de long. « Il faut imaginer des échangeurs comme à Los Angeles en pleine forêt », décrit Pauline Dupouy, membre du collectif LGV Nina, face à un auditoire de 300 et 400 personnes.

Pour une première, le nouveau collectif LGV Desrailha réussi son pari d’étendre la mobilisation au Réolais, au-delà des territoires directement fracturés par la future ligne.

Le soutien de Jean-Luc Gleyze

Parmi les nombreux élus à participer à l’événement, la présence du président du Département Jean-Luc Gleyze a été remarquée et appréciée. « Pas un Girondin ne m’a jamais demandé de pouvoir se rendre plus vite à Toulouse. Les Girondins veulent des trains du quotidien qui fonctionnent. Je suis là pour les représenter. Et pour dire que les 15 ou plutôt 20 milliards d’euros d’argent public que coûtera ce projet seraient aujourd’hui mieux investis dans l’Éducation nationale ou la santé. Ce projet n’a pas de sens, il faut continuer le combat jusqu’au bout », galvanise Jean-Luc Gleyze.

À la tribune, on cite le combat victorieux de l’aéroport Notre-Dame-des-Landes. « Il n’y a pas de fatalité. Seuls les combats qui ne sont pas menés sont perdus d’avance. » Alors chaque intervenant prend la parole pour expliquer les grands enjeux. « Si l’on veut aller à Toulouse ou à Dax en train, il y a déjà des lignes. Pourquoi en construire de nouvelles alors que l’on ne répond pas aux problèmes de mobilité du quotidien ? » Personne, dans la salle, n’est contre le train, mais contre le TGV, « un produit de luxe ». Le maire de La Réole Bruno Marty abonde : « Les milliards de la LGV sera autant d’argent qui ne sera pas injecté dans nos lignes régionales. »

Localement, on craint aussi de nouvelles exploitations de gravières dans les plaines alluviales de la Garonne à Mongauzy et Bourdelles. « Aujourd’hui, le plan local d’urbanisme intercommunal nous protège, mais il suffira d’une signature du préfet pour que Lafarge puisse exploiter une centaine d’hectares de riches terres agricoles. Ça nous pend au nez », prévient un porte-parole du collectif Les Garonnés Liquidés.

Chèque en blanc

Pour la Sepanso, Philippe Barbedienne n’a pas de mots assez durs pour dénoncer « les mensonges de ce projet détestable dont aucune compensation ne permettra de réparer la balafre qui fracturera les territoires ». Et de dénoncer, à nouveau, les 4 800 hectares de terre artificialisées réduits à 700 hectares par le président de Région de Nouvelle-Aquitaine Alain Rousset copieusement hué. Il a beau répéter « fake news » comme un Américain pour tenter de décrédibiliser ses opposants, il ne fait que les renforcer.

Puis on écoute presque religieusement le Lot-et-Garonnais Patrick Vaccari décrypter le financement du projet. Le porte-parole du collectif Très Grande Vigilance en Albret l’assure, « les collectivités ont signé un chèque en blanc ». « Elles se sont engagées à financer le montant de la subvention européenne si elle est inférieure aux 20 % attendus » (2,8 milliards d’euros, NDLR). « Les taxes déjà mises en œuvre vont être alourdies. C’est nous qui allons payer. Ce projet vit depuis le début à coups de mensonges. »

Parmi les élus qui ont pris la parole, le maire de Saint-Médard-d’Eyrans Christian Tamarelle glisse « qu’il va falloir passer à une mobilisation supérieure, peut-être sans attendre 2025 ». Message reçu cinq sur cinq dans l’assemblée

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