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Un article de 2011

Toujours à revoir les anciens dossiers, je reprends cet article dont je suis très fier six ans après car tout ce qu'on peut lire se révèle exact. Souvent les opposants grossissent le trait pour mobiliser. C'était sur le journal Alter Echos.

LIGNE À GRANDE VITESSE

Toulouse -Paris en trois heures et des poussières...

A l'approche du Millénaire Martin Malvy a jugé qu'il pouvait laisser à la postérité une œuvre fantastique :Toulouse-Paris en trois heures de train. Il n'a pas craint les obstacles venus d'abord de la mairie de Toulouse, aussi, fut-il récompensé quand en 2003 le gouvernement s'est lancé dans le tout LGV. RFF s'est mis aussitôt au travail avec dans l'idée d'aboutir d'abord à la LGV Tours-Bordeaux. Un montage savant est sorti de la tête des rois du BTP : le GPSO. Le Grand Projet du Sud Ouest a proposé en 2005 de mettre ensemble QUATRE LGV : Tours-Bordeaux, Bordeaux-Hendaye, Bordeaux-Toulouse et enfin le petit dernier le « minable » de l'équipe, Limoges-Poitiers. Un tir groupé pour des raisons financières : pour payer Tours-Bordeaux, RFF et l'Etat avaient besoin de l'aide des Régions. Midi-Pyrénées accepte de contribuer à Tours-Bordeaux mais pas la région Poitou-Charentes. Quant à l’Ile de France ce n'est pas son problème... Pour justifier cette folie, le débat public de 2005 a avancé des chiffres rendus ridicules par l'actualité : pour 2010 le nombre de TER entre Toulouse et Montauban devait passer de 32 à 150, or il est passé des 32 à 40 en moyenne ! Mais la décision a été prise... d'une LGV !

Le train contre l'avion

Oui les hommes politiques ont un pouvoir important, le dossier LGV le confirme. Ni l'Etat, ni RFF ne souhaitaient s'engager pour une LGV Bordeaux-Toulouse mais à partir du moment où les collectivités importantes de Midi-Pyrénées ont accepté de payer 50 % d'une dépense qui n'est pas de leur compétence, alors roule la galère ! Mais comment faire avaler la galère ? En usant de la sympathie populaire en faveur du train ! Le train écolo va concurrencer l'avion si méchant ! Et pour ce faire on prend modèle... sur l'avion afin d'inventer un train-avion. En effet le produit d'appel répété à satiété, est une question de vitesse : Toulouse-Paris en 3 h 07 qui concernera sans doute deux ou trois trains puisqu'il s'agit de trains directs Toulouse-Paris, sans arrêt même à Bordeaux ! [fait qui s'est vérifié dans le projet de l'Enquête d'utilité publique malgré le dénégations] Il en existe un pour le moment ! En conséquence le train dont la fonction est d'irriguer les territoires traversés, devient un aspirateur déménageur du territoire. Le train n'a alors plus rien de populaire et vu les prix du billet qui s'annoncent le TGV sur LGV risque de rendre l'avion plus populaire !

Le train contre le train

Il est totalement incroyable de constater que la classe politique de droite comme de gauche (si ces mots ont encore un sens) n'a pas compris que le TGV sur LGV suppose un investissement tel que le reste du réseau ferré est déjà laissé à l'abandon [fait qu'on vérifie tous les jours] pour une double raison : rendre plus attractif la LGV en économisant sur le TEOZ ou en les détruisant. Pour le moment la SNCF organise la détérioration de la ligne actuelle Bordeaux-Tours (le temps de trajet augmente insidieusement pour, demain, présenter la LGV comme géniale alors que les Charentes qui financent, se demandent s'il ne va pas y avoir moins d'arrêts à Angoulême ! Situation valable pour les gares nouvelles de Montauban et Agen qui risquent d'avoir moins d'arrêts qu'à présent !

Et Vinci aux commandes 

N'est-il pas contradictoire de considérer inutile ce projet quand une entreprise comme Vinci accepte de la réaliser et de l’exploiter suite à un (Partenariat Public Privé) avec RFF-l'Etat et les Collectivités territoriales qui financent ? Comprenez d'abord que le mot «partenariat» est une traduction trompeuse de l'anglais Participation Public Privé. Un PPP est un mode de financement qui ne dit pas 50/50. Le financement peut être de 100 % privé comme le pont en construction à Verdun sur Garonne, le Conseil général payant ensuite un loyer établi par la concession. Pour le Bordeaux-Tours le privé finance 29 % du total et récupère, par la gestion pendant près de 50 ans, la TOTALITE des péages ! Dans de telles conditions le privé peut prendre des risques qui de toute façon sont garantis… par l'Etat ! Mais comment les collectivités territoriales de Midi-Pyrénées peuvent-elles, pour la première fois de l'histoire accepter de payer 5O% de Toulouse-Bordeaux en commençant par contribuer à Bordeaux-Tours ? Ne vous inquiétez pas, on a beau vous rabâcher que l'heure est à la baisse des impôts, il n'en est rien. Pour payer, les Régions créent une part de TIPP à cet effet dite TIPP Grenelle en faisant croire qu'elle va aux TER or elle ne suffira pas à payer la LGV! Dès 2011 en Midi-Pyrénées les experts ont calculé que nous allons être ponctionné de 30 millions d'euros.

Mais alors pourquoi s'entêter ?

Des associations, à partir des critiques ci-dessus, proposent depuis des années une alternative : rénover les lignes existantes, un travail qui bénéficierait à TOUS les usagers du train. La réponse de RFF, reprise par la majorité des élus commanditaires de la LGV, prétend que l'investissement sur les lignes existantes n'en vaut pas la chandelle, par rapport à l'investissement sur la LGV qui seule assure un gain de parts de marché sur l'avion. Tout tient toujours au temps de trajet qui est systématiquement comparé avec la ligne existante. Or il faudrait comparer avec la ligne rénovée. Sur la distance Toulouse-Bordeaux le gain de temps est minime ! La prétendue étude de RFF sur la question n’est jamais donnée ni aux associations, ni aux hommes politiques. Le préfet du Lot et Garonne la demande en vain ! Le vice-président aux transports de Midi-Pyrénées prétend que c'est une donnée confidentielle alors qu’il en est un des financeurs !

Le premier concurrent du train serait l'avion, or c'est la route, par les voitures et les camions ! Depuis le plan LGV, la chute du fret ferroviaire est phénoménale, aggravée par la politique de désindustrialisation de la France. Hier « Le Capitole » était la vitrine de la SNCF et Toulouse au centre de bien des admirations. Aujourd'hui la stratégie LGV a mis à mort la compétitivité de la ligne POLT (ligne par Limoges) qui est la vraie ligne cruciale pour Toulouse-Paris, afin de favoriser la voie atlantique et donc Bordeaux. Nous ne pouvons qu'étouffer de rire quand des personnes sérieuses osent dire que la LGV va mettre Toulouse au centre de l'Europe. La majorité de gauche ayant décidé le 20 décembre 2010 de mettre unanimement le doigt dans l'engrenage de la dépense concrète pour le projet GPSO, la LGV va mettre notre Région au centre de tous les déficits alors qu'elle avait été si bien gérée jusqu'à présent. Voilà pourquoi être CONTRE la LGV c'est être POUR le train. J-P Damaggio

 

Un article de 2011
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