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Le baron Emmanuelli se met en colère. Il le reconnaît, il n’a rien versé pour Bordeaux-Tours, il le reconnaît il faut le transport du quotidien, il le reconnaît il faut Bordeaux-Toulouse mais aussi Bordeaux-Hendaye. Tout vouloir et rien payer, voilà la solution. Cet entretien sur Sud Ouest est symbolique d’une classe politique d’un autre âge. JPD

Publié le 15/07/2013 Par Jean-Bernard Gilles

« Sud Ouest ». Vous avez été ministre du Budget, pouvez-vous comprendre que le Premier ministre renonce à des projets d’infrastructures nouvelles trop coûteux, comme la Bordeaux-Hendaye ?

Henri Emmanuelli. Je peux comprendre que le Premier ministre donne la priorité au transport du quotidien, banlieusards ou usagers des trains express régionaux. Mais je ne comprends pas comment un objectif d’aménagement du territoire puisse être repoussé au-delà de 2030. C’est une honte pour le sud-ouest de la France qui, une nouvelle fois, est laissé de côté. Il se reproduit le même scénario que lors de la construction des premières autoroutes. On a mis des années à rattraper notre retard. Je rappelle à tous qu’au sud de Bordeaux, il y a l’Aquitaine, et qu’elle a besoin d’être reliée à la grande vitesse.

Le Premier ministre a acté la création de la ligne Bordeaux-Toulouse, la plus rentable. Votre sentiment ?

Il est normal que Toulouse, quatrième agglomération française, de surcroît en plein développement, soit desservie. Mais que le raccordement à la grande vitesse ferroviaire de la péninsule Ibérique ne soit même pas évoqué dans le rapport Mobilité 21, et que le Sud-Ouest ne soit traité que sur deux tiers de page me choque profondément. Or le trafic sera saturé à l’horizon 2020. Je ne comprends pas que l’on puisse sacrifier ainsi l’avenir d’un territoire. Je le dirai cette semaine à François Hollande.

L’Espagne, elle aussi, peine à boucler son réseau…

Mais la grande vitesse sera à Irun en 2017. Je comprends mal que la République française ne soit pas capable de faire ce que la monarchie espagnole, en difficulté financière elle aussi, va réaliser. Je rappelle que Bordeaux-Hendaye est une ligne du réseau européen des transports. Elle est un maillon du Bruxelles ou Hambourg-Madrid. Personne ne le dit, c’est affligeant. Il y a des contraintes financières, certes, mais rien n’interdit d’être innovant. Pourquoi ne pas attirer des fonds souverains, de Chine, du Qatar ou de Singapour ? Ils pourraient être intéressés par des investissements de long terme rentables.

Le ministre des Transports peut-il encore demander à Réseau ferré de France de mener à bien l’enquête publique sur les deux tronçons vers Toulouse et vers Hendaye ?

C’est le minimum qu’il puisse faire. Car nous allons nous battre. On ne peut pas sacrifier l’avenir à la proximité. Dire que l’on va aller au moins jusqu’à Dax n’est pas responsable. Pourquoi accepter la création d’un maillon manquant entre Dax et Irun ? On ne construit pas l’avenir avec un trou. On nous parle par ailleurs d’un projet d’autoroute ferroviaire entre Bayonne et le nord de la France. Mais où va-t-on faire passer tous ces trains ?

Suspendez-vous la contribution financière du Conseil général des Landes à la construction en cours de la nouvelle ligne Tours-Bordeaux ?

On nous a expliqué que ce projet, au nord de Bordeaux et au sud vers l’Espagne et Toulouse, ne faisait qu’un. Et les collectivités locales au Sud ont été mises à contribution pour financer les travaux au nord de Bordeaux, avec l’engagement d’être desservi dans un second temps. On nous demandait quelque 75 millions d’euros, moitié pour le nord, moitié pour la Bordeaux-Hendaye. J’avais déjà émis des réserves sur la provision pour risque prévue par Réseau ferré de France. Je n’ai donc pas payé ma contribution.

Si la LGV s’arrête à Bordeaux, je ne me vois pas demander aux contribuables landais de financer des travaux qui ne les concernent pas. Au vu des décisions prises par les élus des Pyrénées-Atlantiques, je crains que les travaux du Tours-Bordeaux n’entrent dans une phase de turbulence financière.

Tag(s) : #bordeaux, #emplois bordeaux rousset
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